Informations importantes

Ce site Internet s’adresse exclusivement aux Intermédiaires financiers en Suisse.

 

Si vous êtes un Investisseur particulier, cliquez ici. Si vous êtes un Investisseur institutionnel, cliquez ici. Si vous recherchez des informations pour un autre pays, cliquez ici.

 

En cliquant sur ACCEPTER, vous reconnaissez comprendre et accepter les Mentions légales.

Commerce international

Droits de douane : l’économie américaine résiste

Après plusieurs mois d’agitation causée par le sujet brûlant des droits de douane, le calme semble revenu sur les marchés financiers, les investisseurs estimant désormais que les retombées économiques de ces nouvelles taxes seront progressives. Maintenant que les premiers chiffres sur les échanges commerciaux ont été publiés, il devient donc possible d’examiner les premiers effets de cet environnement très mouvant, et d’envisager la suite.

 

De nombreux observateurs déclarent désormais que les effets attendus des droits de douane ont été grandement exagérés. En réalité, ils sous-estiment sans doute à quel point il faudra du temps avant de pouvoir prendre la pleine mesure de l’impact de ces nouvelles taxes sur l’économie, d’autant plus que l’argument selon lequel elles n’occasionnent aucun surcoût est largement erroné. Voici notre raisonnement en cinq points.

 

1. À ce jour, les entreprises paient en réalité seulement 11 % de droits de douane

 

Les entreprises emploient différentes stratégies pour éviter de supporter le surcoût lié aux droits de douane, ou du moins pour retarder cette échéance. Certaines ont ainsi augmenté leurs prix avant l’entrée en vigueur des nouveaux droits ou profitent de lourdeurs administratives pour éviter de les payer, quand d’autres redirigent tout simplement leurs marchandises vers d’autres marchés. Résultat : un écart important persiste entre le taux légal de 17 % et celui, plus proche de 11 %, réellement payé (pour le moment) par les entreprises. Si cet écart paraît élevé, il s’est pourtant considérablement atténué, puisque Donald Trump a finalement revu à la baisse cet été certains des droits de douane exorbitants annoncés le 2 avril, lors du « Liberation Day ».

 

Pour l’heure, il est difficile de prédire à quel niveau les droits de douane finiront par se stabiliser. Tout dépendra d’ailleurs des nouvelles annonces de l’administration Trump et de la suite des négociations avec les grands partenaires commerciaux des États-Unis, comme la Chine, le Canada et le Mexique. Malgré tout, on peut imaginer qu’une fois que les stocks constitués de manière préventive avant le « Liberation Day » auront été épuisés et que les pays se seront adaptés à ce nouveau régime, les droits de douane se rapprocheront de 15 %.

Les droits de douane réellement payés par les entreprises américaines s’avèrent moins élevés que prévu

Un graphique en courbe illustre le taux légal de droits de douane et celui réellement payé par les entreprises importatrices américaines entre janvier 1990 et août 2025. Le taux réellement payé, qui se situe à environ 3 % en 1990, recule progressivement autour de 2 % de 2000 à 2018. De 2018 à 2025, il évolue dans une fourchette comprise entre 2,5 % et 3,5 %, avant de s’envoler à partir de janvier 2025 et d’atteindre un pic en avril 2025. Le taux réellement payé par les entreprises reste toutefois inférieur au taux légal de droits de douane, qui culmine à 26 % en avril 2025. Et l’écart se maintient : en août 2025, le taux réellement payé est de 11,5 %, à comparer avec 18,2 % pour le taux légal.
Sources : Capital Group, The Budget Lab (Yale), US Census Bureau, Département du Trésor des États-Unis. Dernières statistiques disponibles pour le mois d’août 2025 (données au 19 septembre 2025). Taux de droits de douane légal : taxe sur les importations imposée par les États-Unis. Taux de droits de douane réellement payé : recettes douanières perçues par les États-Unis, divisées par le montant total des importations.

2. L’impact macroéconomique était prévisible

 

La règle empirique utilisée par la plupart des observateurs est que 1 % de hausse des droits de douane engendre 10 points de base d’inflation en plus et 5 points de base de croissance du PIB en moins. Sachant que le taux de droit de douane réellement payé était d’environ 2 % l’an dernier et de près de 11 % aujourd’hui, l’inflation devrait mécaniquement augmenter de 0,8 % et la croissance ralentir de 0,4 %.

 

Dans les faits, la croissance du PIB américain s’est nettement affaiblie au premier semestre 2025, en raison principalement des turbulences causées par les droits de douane et les échanges commerciaux. D’après les analystes, le PIB a reculé de 0,6 point de pourcentage en rythme annualisé depuis le « Liberation Day ». La croissance économique dépend certes d’une multitude de facteurs, mais nous sommes convaincus que l’incertitude quant aux échanges commerciaux a été déterminante dans sa trajectoire baissière.

 

L’inflation, quant à elle, doit certainement une petite partie de son rebond (à 2,9 %) aux effets cumulés des droits de douane. Les prévisions ont d’ailleurs tendance à laisser présager une légère accélération ces prochains mois, alors qu’en parallèle, on observe une baisse des prix de l’immobilier et un ralentissement sur le marché de l’emploi. D’après notre analyse, la hausse de l’inflation résulte donc en grande partie des nouveaux droits de douane, ce qui signifie que la règle empirique décrite plus haut semble s’appliquer cette fois-ci.

 

3. L’impact de l’augmentation progressive des prix reste à venir

 

L’augmentation du taux de droit de douane réellement payé a été progressive et linéaire, passant d’environ 2 % avant le « Liberation Day » du 2 avril, à 11 % en juin et juillet.

Les recettes douanières des États-Unis s’envolent

Sources : Capital Group, Département du Trésor des États-Unis. Les droits de douane sont utilisés pour donner une indication des recettes douanières. Dernières statistiques disponibles pour le mois d’août 2025 (données au 19 septembre 2025).

Cette observation a deux significations. L’impact de l’augmentation progressive des prix reste à venir, et les stocks préventifs ne sont pas encore épuisés, ce qui permet aux entreprises américaines de répercuter petit à petit le surcoût subi sur leurs clients. Un écart persiste donc entre le taux légal et celui réellement payé par les entreprises, mais il devrait se réduire à mesure qu’il deviendra plus difficile pour elles de contourner les droits de douane. Certaines retardent le moment où elles devront augmenter leurs prix, dans l’espoir que les droits de douane soient entre temps annulés par l’administration Trump, ou encore jugés illégaux par les tribunaux. Mais à supposer qu’ils soient finalement maintenus, il faudra alors s’attendre à ce que le taux réellement payé augmente, avec tous les effets que cela aura dans la sphère macroéconomique.

 

Malgré tout, le risque de récession nous paraît limité à court terme. Sachant que les produits importés représentent seulement 11 % du PIB, il faudrait en effet un autre « Liberation Day » pour faire vraiment plonger l’économie américaine. Pour autant, les nouveaux droits de douane font évoluer l’inflation et la croissance dans la mauvaise direction. Il est difficile de déterminer leur impact précis sur les prix à la consommation, puisqu’une dégradation générale de la conjoncture a tendance à freiner l’inflation. Certains experts en profiteront sans doute pour affirmer que les droits de douane ne font pas monter les prix, mais cela devrait très bientôt devenir un sujet de préoccupation pour la Réserve fédérale américaine (Fed), qui subit déjà des pressions croissantes pour baisser les taux d’intérêt.

 

4. Les négociations commerciales se poursuivent

 

La résurgence périodique de tensions entre les États-Unis et certains de leurs partenaires commerciaux semble inévitable, mais il faut espérer que les prochaines annonces de droits de douane soient accueillies plus sereinement que celles du « Liberation Day ». On sait déjà que les pourparlers sur l’accord de libre-échange nord-américain reprendront l’année prochaine : le Mexique et le Canada s’y préparent avec une certaine appréhension, et il faut s’attendre à ce que leurs discussions avec les États-Unis aient des retombées dans le reste du monde. Notamment, les États-Unis chercheront à convaincre le Mexique et le Canada d’appliquer les mêmes droits de douane sur leurs propres importations de produits chinois. Le Mexique semble d’ailleurs déjà aller dans ce sens, puisqu’il a récemment relevé ses droits de douane sur les voitures et sur d’autres marchandises en provenance de Chine.

 

À noter toutefois que les sujets autour de la Fed, des taux d’intérêt et de la politique budgétaire pourraient être prioritaires en 2026, en particulier à l’approche des élections de mi-mandat. Mais les négociations commerciales, tant qu’elles n’auront pas abouti, demeureront un sujet crucial.

 

5. La mondialisation subit une profonde transformation

 

En dépit de l’incertitude extrême causée cette année par les droits de douane, les pays continuent de commercer entre eux, et les chiffres publiés depuis janvier montrent que les échanges commerciaux hors États-Unis résistent. La mondialisation reste bien vivante, mais le visage qu’on lui a connu ces dernières décennies est en train de changer : les chaînes d’approvisionnement sont réorganisées, les règles évoluent et les coûts associés augmentent.

La mondialisation change de rythme

 

Commerce mondial (en % du PIB mondial)

 

Sources : Capital Group, OCDE, Banque mondiale. Commerce mondial : total des exportations et importations de biens et services, en pourcentage du PIB mondial. Dernières statistiques disponibles de 2024, au 18 septembre 2025.

Désormais, les marchandises circuleront sans doute moins facilement que durant les Trente Glorieuses et pendant la période dite du « consensus de Washington ». À l’avenir, le libre-échange sera sans doute d’envergure régionale, au sein de blocs commerciaux plus restreints. Quoi qu’il en soit, il faudra certainement s’armer de patience : comme pour l’élaboration des anciennes règles de la mondialisation, qui a pris plusieurs décennies, il faudra sans doute de nombreuses années avant que le prochain système commercial mondial se stabilise.

tryggvi-gudmundsson-color-600x600

Tryggvi Gudmundsson est économiste chez Capital Group et possède 16 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement. Il est titulaire d’un doctorat (PhD) de London School of Economics and Political Science, ainsi que d’une licence et d’un master en économie d’University of Iceland.

TSEC_IMG_E2278_2023_crop

Tom Cooney est conseiller en politique internationale chez Capital Group. Il possède 32 ans d’expérience dans le domaine des affaires étrangères et a rejoint Capital Group en 2023, après avoir été ministre-conseiller pendant 25 ans au Senior Foreign Service du département d’État des États-Unis. Au service de la diplomatie américaine, il a été détaché dans plusieurs ambassades américaines en Chine et en Amérique du Sud, où il a notamment été ambassadeur intérimaire (chargé d'affaires) en Argentine. Plus récemment, Tom a été Vice President, Global Public Policy chez General Motors. Il est titulaire d’un master en commerce international d’University of South Carolina et d’une licence en communication de Cornell University. Tom est basé à Los Angeles.

Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs. Il est impossible d’investir directement dans les indices, qui ne sont pas gérés. La valeur des investissements et le revenu qu’ils génèrent ne sont pas constants dans le temps, et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer l’intégralité de leur mise initiale. Les informations fournies dans le présent document ne constituent pas une offre de conseil en investissement, en fiscalité ou autre, ni une sollicitation à l’achat ou à la vente de titres.
 
Les déclarations attribuées à un individu représentent les opinions de ce dernier à la date de leur publication, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Capital Group ou de ses filiales. Sauf mention contraire, toutes les informations s’entendent à la date indiquée. Certaines données ayant été obtenues de tiers, leur fiabilité n’est pas garantie.
 
Capital Group gère des actions par le biais de trois entités d’investissement, qui décident en toute indépendance de leurs investissements et de leurs votes par procuration. Les professionnels de l’investissement obligataire assurent la recherche fondamentale et la gestion d’actifs obligataires par le biais de Capital Group. En ce qui concerne les titres apparentés à des titres de participation, ils agissent uniquement pour le compte de l’un des trois groupes d’investissement en actions.