L’économie américaine se trouve à un point de bascule. D’un côté, la croissance est freinée par l’impact négatif des droits de douane sur l’emploi et sur la consommation. De l’autre, l’intelligence artificielle (IA) générative stimule la productivité. Ces deux tendances divergentes soulèvent une question : l’IA pourrait-elle contribuer à soutenir l’économie américaine ?
À mon sens, les restrictions commerciales auront un impact réel, mais le coup d’accélérateur offert par l’IA pourrait être encore plus puissant. C’est pourquoi je n’envisage pas de récession pour le moment. Même si la croissance du PIB américain ralentissait à 1 %, voire moins, au second semestre 2025, elle devrait ensuite se redresser à la faveur de l’impact structurel que pourrait avoir l’IA.
Voici quatre graphiques qui illustrent pourquoi l’économie américaine pourrait continuer à (bien) résister.
1. Les investissements dans l’IA dépassent déjà ceux de la bulle Internet
Les sociétés technologiques ont investi des milliards de dollars dans l’IA, faisant fi des craintes liées à sa rentabilité.
Ces dépenses portent principalement sur la construction de centres de données – par ailleurs très énergivores, ce qui a profité à certains acteurs des secteurs des semi-conducteurs, de l’industrie et de la production d’électricité. Par exemple, Modine Manufacturing, qui fabrique des systèmes de gestion thermique des centres de données, a vu son action bondir de 22,1 % entre début janvier et fin août. Celle de Constellation Energy s’est envolée de 41,5 % sur la même période, grâce aux contrats conclus pour approvisionner en électricité nucléaire plusieurs centres de données de Meta et de Microsoft.
Après avoir vécu l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000, nous sommes bien sûr en droit de nous demander si tous ces investissements mèneront à quelque chose de concret. Bien qu’un « hiver de l’IA » demeure plausible, il est utile de souligner que la révolution technologique de l’ordinateur personnel et d’Internet est bien différente de celle de l’IA. La première portait sur des aspects matériels, tandis que la seconde a vocation à mettre en valeur le savoir et les connaissances. Autre différence par rapport aux années 1990 : les entreprises disposent aujourd’hui d’une trésorerie abondante et affichent de solides bénéfices. Bien sûr, les valorisations varient grandement d’une société à l’autre, ce qui rend la recherche fondamentale essentielle pour séparer le bon grain de l’ivraie.
En fin de compte, les véritables gagnants du « supercycle d’investissement » dans l’IA ne sont peut-être même pas encore nés, à l’instar des géants Netflix, Amazon ou encore Google, qui sont apparus dans un deuxième temps, une fois que les sociétés pionnières, dont Cisco fait partie, avaient construit les infrastructures d’Internet. Il pourrait en être de même aujourd’hui : il faudra peut-être attendre que les infrastructures d’IA soient plus abouties avant qu’une nouvelle génération d'entreprises leaders du secteur voie le jour.